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Littérature - Photographie - Arts plastiques

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De la confession

 

« Nous nous dîmes alors, en cette heure décisive, des choses qui ne se disent pas entre vivants. »

Primo Levi, Si c’est un homme

 

Multiforme et déglingué, état calamiteux

Court-circuiter l’extinction inédite du désir d’aventure

Retaper la face cubiste, défigurée du monde et du jour

Purger les veines de l’humeur noire qui colore les sensations

Tenter d’apaiser la peur qui les aiguise et les rend tranchantes

Dédramatiser l’incendie qui s’est emparé du réseau des nerfs

Ce sentiment de panique permanent étouffé par une pesante plaque d’égout

Se tourner à nouveau vers ce qu’un autre appelait l’azur

Mes emplois du temps ont toujours contenu des plages horaires pour la maladie

Aujourd’hui elle dévore une à une les journées entières

Mon vœu étant que l’écriture, comme elle l’a fait maintes fois auparavant

Rachète en quelque sorte ces moments perdus dans la souffrance

Reste aussi une flaque de colère sur le sol de la caverne

Une écriture moins ancrée dans la chair, plus aérienne

Et qui pourrait participer à l’allègement thérapeutique

Grande sécheresse dans la pensée, aucune larme versée

Vivifiante, mentholée et acérée mais dans la douleur uniquement

Ce qui est si haut doit redescendre et presque toucher terre

C’est ici que doit intervenir le fond de colère, contrecarrer la faiblesse maladive

Le mal est rattaché à un certain usage de la confidence, de la confession

Nous ne devons plus utiliser la parole à de telles fins destructrices

Précarité terrestre

Un fil appartenant à une toile d’araignée

Un fil si fin se courbe et se rompt

Quelqu’un souffle sur le centre d’une fleur

Une poussière noire se répand alors

Dans cette alcôve mystérieuse

Le jeu de la mémoire et du mensonge

Insuffle la puissance nécessaire

Pour évoluer sur les crêtes

A la proue du monde à vif

Ecorchure immémoriale

De laquelle nous nous sommes écartés

Un jour sans nous en rendre compte

Maintenant c’est le givre qui couvre le réel

Pellicule sur laquelle glisse la pensée malade

La pensée des devins et des sorciers

Froid saisissant rivé à la peur

Nous sommes exposés à tous les dangers

Dehors comme dedans

Nous n’avons pas encore trouvé

Quelle place accorder à l’écriture dans la vie

Nous n’avons pas encore pesé

Son importance ni compris sa fonction

On ne parvient pas à inscrire dans la mémoire

Le lieu de l’apparition de la poésie

Une fois les mots délaissés on oublie l’expérience

Je ne connais rien de plus précaire

Que ce genre d’écrits

À nouveau deux poèmes inédits

Le train rapide passe à proximité

D’une maison construite au tournant des Lumières

Les masses grises et blanches des nuages avancent lentement

Les prairies sont boisées sur les bords des ruisseaux qui les traversent

Il n’y a là aucune nécessité

Comme le remarquait déjà Hegel lors de son voyage dans les Alpes

 

 

Tentacules rigides ou bois de cervidés

Symboles d’un passé récent et douloureux

Mais aussi les montres molles de Dali

Symboles des nœuds défaits de l’existence

Sans nul doute le plus long des cauchemars

Un passé si proche qu’il nous lèche la plante des pieds

Comme l’écume de la mer sur le sable du rivage

Interférences.jpg

Trois poèmes inédits

Le bureau sur lequel est posé l’ordinateur portable

Qui me sert à écrire mes poèmes

Se trouve face à la fenêtre de la chambre

Il me suffit de lever la tête pour distinguer

Un toit de tôle avec ses cheminées en forme de T

Un mur de briques rouges, roses et brunes percé de trois ouvertures étroites

Et coiffé, lui, d’une rangée de petites cheminées cylindriques lie-de-vin

Une façade récemment ravalée dont les balcons et les terrasses

Comportent de grands bacs dans lesquels sont plantés divers arbustes

Le soleil d’hiver vient oindre de lumière ce coin de paysage urbain 

Des fragments de soi peu vertueux, de l’électricité qui court sous l’épiderme

Un pernicieux mélange d’humeurs, une bobine brûlante juste derrière le front

Le réel récalcitrant comme une rosse terrifiée, un texte malsain gravé dans la chair

Une tension permanente, des milliers de mains fébriles repoussant un mauvais rêve

La maladie nerveuse sciant les ossements de métal dans le tintamarre et les escarbilles

Vivre, mais rageusement, sans comprendre pourquoi le brouillard triomphe toujours

 

Il serre de toutes ses forces la tige de la rose

Et le rouge des pétales

Commence à s’écouler lentement

Du poing fermé jusqu’au sol

Cet instant m’appartient

Solitude – reflet dans le miroir de la langue

Frémissante dentelle de mots

L’horizon vacille et l’océan hurle

En s’écrasant contre les rochers

L’enfant s’agenouille et prononce une prière

La vie la mort – la tenture de la nuit

Vient effacer les commandements

Stockholm

Les loups

 

C’est une nuit déjà bien avancée sur la lande proche de l’océan glacé

Au milieu du terrain que nous envisagerons

Se trouve une bicoque délabrée et lugubre au toit de tôle

Il semble qu’elle doive être habitée par une femme (ce point est important)

Elle est au centre d’une aire circulaire, d’une horloge sans aiguille

Dont chaque heure est matérialisée par un loup

En effet, à un jet de galet de la baraque, les loups forment un cercle

Il y a le loup de minuit, le loup d’une heure, celui de deux heures et ainsi de suite

Nous plaçons l’objectif de l’appareil très haut à la verticale de l’habitation

Et, sur le cliché ainsi obtenu, nous apposons une trace de peinture rouge

Entre chaque loup avec un pinceau très fin

 

L’imperfection

 

Il avait le désir de dessiner des figures géométriques en trois dimensions

Auxquelles il aurait soigneusement ôté un morceau

Par exemple le coin d’un parallélépipède aurait été rogné ou tranché

De même pour la partie manquante d’un cylindre

Ou l’une des cinq pointes brisée d’une pyramide

Ce travail de dessinateur aurait eu pour but de montrer

Qu’aucun objet n’est parfait et qu’il manquera à jamais quelque chose

A chacun d’entre nous dans son moi le plus profond

L'indéfini

(Poésie)

Texte inédit

Je suis mortel

 

Que je dorme morbleu

La jeunesse a fui

Adieu morveux

Sors et suis les ombres

Qui mordent

Les fruits suiffeux et mordorés

Puis jeûnent

Sous les ailes des ormes moroses

Entre le lait et la suie

J’attends la suite

Que l’huis s’ouvre

Sur un jour

Moins morne moins laid

L’or du monde est en jeu

C’est alors

Que ta course s’achève

Tire sur le mors et dors

Je suis mortel

 

 

 

 

 

 

 

La bombe

A la bibliothèque de l’Hôtel de Ville

Assis sur une grande chaise de bois et de cuir noir

Il lit Désert de Le Clézio

Lenteur et concentration

Au dessus de sa tête le soleil frappe la verrière

Il se lève et va consulter un dictionnaire

Puis il revient à sa place dans la hâte de reprendre sa lecture

Soudain dans une pluie d’éclats de verre

Une bombe passe à travers le plafond

Et tombe sur l’allée centrale en défonçant le plancher

Mais sans exploser

                      Gaz à tous les étages

 

Des mots tels que maison d’arrêt et lesbienne                     

Affalé en soi-même

Farine et vanités                                                          

Graffitis mastiquant l’échec                                                                         Etourdi de douleur

Chancelant, affaissé, démoli

Aucun passage, aucune issue

Tout sonne faux, ce sont de mauvais comédiens

Lamentations, misère, serpillière

Complet parce qu’anéanti

Trognon d’homme et marée noire

Dos à la mort

 

Un Elvis en pâte d’amande

C’est très fleuri, fleurs et fruits

La porte de Charenton sous la pluie

S’autoriser à ne rien faire du tout

Lumière et images sont interférences

Artiste amateur, seulement amateur

Pleurer pendant mille ans

Phare de l’amour maternel

Le père et le sport

Ecrit fruité, pulpe des mots

Le reste je le garde pour moi

Deux poèmes 

Amorce – le sillage de la légère embarcation

Découpe le fleuve en deux rubans d’eau verte

Une fois sur l’île nous entrons

Dans une maison laissée à l’abandon

Ce qui fut autrefois au-dedans :

Un confortable salon des chambres chaleureuses

Est maintenant au dehors

La bâtisse n’est pas encore en ruine

Elle expose un plancher pourri

Et du papier peint déchiré sur les murs

Parfum obscène de la mort

J’ai essayé de le retenir

Je l’ai mis en garde contre les risques qu’il encourait

A vouloir prolonger l’enfance indéfiniment

Mais il n’avait à la bouche que des paroles délétères

Où se mêlait la haine de soi

Et l’orgueil éraillé que donne la souffrance

Alors sa frêle embarcation s’est éloignée sur le canal

Et il a disparu dans les ténèbres

Notre article intitulé : "L'expérience du mal : condition de la justice ?" se trouve page 136 de cet ouvrage. Cliquez sur la couverture pour le commander.

Musique(Poésie) Texte inédit

 

Extrait de Flaque de plomb

Les fondations fragiles

Sur lesquelles nous tenons debout dans la vie

Ont été sapées par un lot de pensées morbides

Dès lors nous sommes tombés dans une geôle

Etroite et obscure qui empêchait

Toute liberté de mouvement

Nous sommes donc restés allongés sur le lit

Dans la position du gisant trois jours entiers

A nous demander comment la plupart de nos semblables

Faisaient pour ne pas chuter en rencontrant l’adversité

Nous n’avons aucune force

Nous sommes privés de colonne vertébrale

Notre peur pulvérise notre structure

Nous sommes confrontés à de nombreux empêchements

Il n’y a aucune continuité

Dans la succession de nos journées

Elles sont simplement juxtaposées

Avec leurs souffrances et leurs échecs

Nous avons découvert un grand nombre de solutions

Au cours des années passées

Mais elles se sont toutes révélées provisoires

Nous permettant de tenir debout contre le vent puissant

De l’adversité une ou deux semaines mais guère plus

Et nous nous demandions aussi quelle était la cause

De cette malédiction : quatre années de folie de délire

Et de douleur insondable

                                                                    

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Flaque de plomb, 2018

Crime d’une brutalité inouïe

Commis par la pensée affûtée

L’écho s’amplifie au lieu de décroître

                                  

Le père

Sa tête coupée sanguinolente

Est la boule qui renverse toutes les quilles

Rompant ainsi l’équilibre dans les arcanes de l’esprit

 

Il faut alors patiemment remettre les quilles debout

Mais à un endroit différent pour chacune

Ce chantier vient à peine de commencer

Alex Burke_edited.jpg

Pour rejoindre le site de l'artiste martiniquais Alex Burke, cliquez sur l'image

Paysage urbain 

Ne pas chercher l’harmonie

Mais contempler chaque immeuble

Apprécier son architecture

Voir comment il s’agence ou contraste avec les autres

 

Diverses toilettes masculines ou féminines

Ne pas chercher l’harmonie

Mais observer chaque personnage

Et se concentrer sur les détails des vêtements

 

Cette chose n’est pas une mais multiple

Ne pas chercher à simplifier

Cette chose paraît limpide mais elle est nébuleuse

Croissance exponentielle des points de vue

 

A l’intérieur

Désir agressivité angoisse sentiments ambivalents

Pulsions diverses conflits sans fin bras de fer frénétique

Moments d’euphorie souffrance tensions

Mille et une nuances

Après avoir présenté les photographies voici les dessins

Scribe malade souffrances exposées bien en vue

Dès lors morsure de la culpabilité lui pêcheur

Pour transmission du mal par son métier sa passion

Stylet scalpel jaillissement du sang noir l’encre

Eclabousse l’hypothétique lecteur et le ronge acide

Scribe en réalité cruel expérimentation de l’agressivité

Laisse libre cours à son vice aucune censure jamais

Inconscient est usage de la brutalité avec l’autre

Inconscient pestant contre finitude et maigres moyens

Grincement de dents tout est corvée chers proches

Vous frôlez l’épiderme vous injectez du soufre

Il sent très forte odeur de haine tension de la colère

Pour conscience le moi loin de se présenter ainsi

Retour aux remords le pêché l’écriture elle-même

Contaminer l’humanité crainte ambitieuse et absurde

Et démentie par de nombreux faits hier encore

Mais violence retournée contre soi forme un pli

A déplier car aucun danger aucune punition

Scribe activité compétences socialement reconnues

Devrait voir ses affres s’apaiser et disparaître

Je décris l’expérience de l’écriture telle que je l’ai vécue :

Au sein d’une profonde et dense nuit sans lune

Une lampe éclaire une image qui est l’objet du désir

Les yeux et les mains de l’esprit fondent sur lui

Alors l’objet est tracté vers le jour mais au moment

De la traversée il disparaît il s’abîme dans le néant

Lors d’une séance de psychanalyse on peut observer

Quelque chose de similaire : l’analysant parle

Et soudain il se tait le lien qui l’attachait à l’objet                      

Disparaît et il traverse alors une mer de nuages

Trois années

(Récit poétique)

Je suis un mage noir depuis des dizaines d’années

Mon âme est recouverte d’un solide tissu noir

Mon cœur fait circuler du pétrole dans mes veines

J’ai du goudron fluide dans la bouche en guise de salive

Comme Georges Bataille je ne suis pas fréquentable

J’incarne tout ce qui fait horreur à mes semblables

Je suis un vampire inoffensif car ma maladie

N’est contagieuse ni par la parole ni par les écrits

Comme Marylin Manson j’ai une place dans le monde

Et je revendique le droit d’être porteur du pire

Sans honte sans culpabilité et sans paranoïa

J’aime ce pays j’aime ce peuple j’aime cette famille

Une histoire qui remonte à la nuit des temps

Et qui apparaît dans les légendes de l’humanité

Nous nous sommes par exemple recueillis dans les ruines

De la synagogue de Gamla sur le plateau du Golan

Qui date de l’époque hérodienne

(Le Temple n’avait pas été détruit)

Et qui comporte un mikvé comme à Massada

Une richesse culturelle sans équivalent

A laquelle ont contribué les membres de la diaspora

Traditions sépharades et traditions ashkénazes

D’une part l’Afrique du nord

Et d’une autre l’Europe centrale

Avec une langue tout à fait à part et qu’il faut protéger

Le Yiddish pour ne pas qu’elle subisse le sort

Des patois français dont la plupart sont perdus

On peut faire confiance aux habitants de ce pays

Pour préserver tous les trésors culturels de son peuple

Mais nous qui vivons quelque peu à l’écart

Si nous avons la possibilité de coopérer

A cette préservation par un quelconque petit talent

Nous devons le faire alors oui encore et toujours

J’aime la Ville blanche de Tel Aviv

Dont les immeubles sont inspirés par le Bauhaus

J’ai déposé un vœu écrit dans une pierre

Du Mur des Lamentations de Jérusalem

(Je demandais un enfant pour Karine)

Je suis allé au port de Haïfa et j’ai vu les jardins Baha’i

J’ai flâné à Netanya dans des quartiers

Qui constituent une petite France

J’ai goûté le soleil qui vient se briser sur ces villes

Les constellant d’éclats lumineux

Qui agissent comme des petits miroirs

Tournés vers l’au-delà et qui nous transmettent

Ce message : rien n’est plus important que la mémoire

La libido tout entière inhibée

Le sujet jeté dans la géhenne

Tension dans les muscles et dans la tête

L’écrivain ne pouvait plus écrire

Nous cherchions où allait se déverser le désir

Dans lecture de Freud non cela a échoué

Dans la composition de dessins

Nous avons essayé et cela a échoué

C’est un écrasement du désir et de la pulsion de vie

Nous tentons alors de rallumer les flambeaux de l’écriture

L’angoisse est comme un félin prêt à bondir

Si tu renonces à écrire tu es pour elle une proie facile

Les nuages sont bas et gorgés de pluie

Avance place-toi dans la lumière

Et ne laisse transparaître aucune émotion

Tu pourrais écrire des livres entiers sur les rayons du soleil

Et sur le noir de la nuit sans lune

« Nord » est un mot qui transperce vos entrailles

Pense à des pierres levées pense au site de Stonehenge

Je suis certain que nous nous battons encore aujourd’hui

Contre les ténèbres qui précédèrent la Création

Crispé les nerfs mis en charpie

Le blanc des yeux devient noir et la pupille jaune

Les démons ont toujours été parmi nous

Avec leurs pattes crochues et leur langue de serpent

L’enfer est ici-bas l’enfer est en nous

Nous ressemblons à notre planète

Comme pour elle le feu central n’est pas éteint

Il s’agit d’un combat contre les forces de l’origine

La pulsion de mort en fait partie

Elles ligotent le désir et l’empêchent de trouver sa voie

Deux jours sans écrire et je suis dans un état pitoyable

Bras douloureux impatiences dans les jambes

Alarme permanente sous le crâne

Comme la rue qui hurlait ce jour-là autour de Baudelaire

    Quatre poèmes

 

Tu ne peux errer bien longtemps

Loin de cet oasis

Tu y reviens toujours

Tu te penches

Tu scrutes ton reflet

Pour voir si le malaise a laissé

Des traces lisibles sur ton visage

Puis les paumes juxtaposées

Tu prends de l’eau

Et tu te mouilles la face

Pour savoir si ta lucidité

S’est accrue

 

 

 

Poésie traînée de poudre

Sur la sente que nous empruntons

Parmi les pensées

Mais aussi trace suivie à travers ce monde

Que nous ne comprenons pas

Et qui distille de l’anxiété continument

Sueur de l’âme essoufflée 

Après avoir tenté d’échapper au pire

Salive de l’auteur timide

Lisant son texte à haute voix

 

 

 

Travaux forcés tiraillements

Joug insupportable

Joie écartée et passée à tabac

Esclave maltraité

Atmosphère lourde et âcre

Le pire rougeoyant dans l’âtre

On nous oblige

A planter notre regard dedans

Il n’y a plus que souffrance

Les tympans sont violentés

Par l’alarme stridente

Qui s’est déclenchée

Dès les premiers instants

 

 

 

Les cils du haut

Rejoignent les cils du bas

C’est sur cette ligne

Partageant l’œil en deux

Que le sommeil paraît

Nous permettant

De quitter le monde

Invitation à l’onirisme

Domaine sans peur

Mais non sans jouissance

           Renoncement (Poésie)

Trois poèmes

 

 

Pour pouvoir écouter de la musique

Il faut que la maladie se taise

Vous êtes alors à la fois exalté

Et ancré dans le réel

Casque sur les oreilles

Tant il est vrai que l’angoisse

Défigure notre monde

 

Lorsqu’on détruit de vieux immeubles

Pour en construire de nouveaux

Le mur qui jouxte le bâtiment voisin

Reste en place et expose

Le papier peint qui décorait

Des pièces de l’immeuble rasé

Le dedans et le dehors se télescopent

L’intimité est brutalement révélée

Et apporte avec elle la pensée de la mort

 

 

 

Le cœur se gonfle

Et éclate en un millier de morceaux

Je m’enivre du parfum

De la pluie sur le bitume

Deux vagues de l’océan

Forment une Torah liquide et salée

Arroser les plantes dans un cimetière

Pour désaltérer les morts

Bouquet (Poésie)

Framboises mures myrtilles fraises des bois

Les baies sauvages sont de petits trésors

Dans la nature des pierres précieuses comestibles

Le train rapide passe sous la Manche

Et nous conduit à Londres

Arrivés vers dix heures nous prenons

Un petit déjeuner typique

Saucisse haricots à la sauce tomate toasts et café noir

L’Allier passe ici près des orgues basaltiques

Nous nous baignons à cet endroit l’été

L’eau est profonde nous pouvons plonger des rochers

Les colonnes de l’Assemblée nationale font écho

Aux colonnes de l’église de la Madeleine

Qui se trouve de l’autre côté du fleuve

Au musée du Caire on peut admirer

Toutes les merveilles que renfermait

Le tombeau de Toutankhamon et en particulier

Ce masque funéraire extraordinaire

Qui reste gravé dans la mémoire

A Noisy-le-Grand le Monument du Ballon

Rend hommage aux cinq victimes

D’un accident de montgolfière en 1913

Nous étions des scouts marins

Pendant l’année scolaire nous réparions et repeignions

Nos bateaux une fois le travail terminé

Les embarcations étaient acheminées en Normandie

Le camp d’été était partiellement consacré à la voile

Quand le bateau gîtait c’était exaltant

Mais nous avions peur qu’il se renverse

Mes parents étant partis en Auvergne

J’organisai une petite fête chez moi

Laurent avait un plan pour me procurer du shit

Nous avions rendez-vous avec notre homme

Qui arriva sur une moto volée

Il me vendit une marchandise de bonne qualité

Le jour de la fête patronale on organise un grand méchoui

Deux moutons empalés sur des broches de métal

Cuisent au dessus de profondes tranchées

Où se trouvent des braises rougeoyantes

Les villageoises préparent des tartes aux fruits

Qui sont placées dans le four banal

Pour mon premier jour à Los Angeles

Je me suis réveillé très tôt et je suis allé prendre un café

Dans la boutique Starbucks qui se trouvait près de l’hôtel

Un agent de police était debout non loin de moi

Je n’avais jamais vu un uniforme aussi impeccable

Et une coiffure aussi soignée

J’ai acheté une boisson énergétique

Et je suis sorti pour la déguster assis sur le muret

Près de l’entrée de l’hôtel

The Cribs est un groupe de rock

Constitué des trois frères Jarman

Je possède tous leurs albums ils sont réellement doués

Aucun morceau ne m’a déçu

Ils ont forgé une œuvre importante un style singulier

L’école de ma fille avec à l’entrée le drapeau tricolore

La devise de la république le symbole de la ville de Paris

La plaque en hommage aux enfants déportés

Et les parents d’élèves qui attendent la sonnerie

Ce lieu est encore pour moi particulièrement anxiogène

Ces étonnantes photos où l’on voit

La Tour Eiffel en construction la base puis le pylône

Et cette polémique alimentée

Par des écrivains et des artistes qui s’opposaient

A l’audacieux projet de l’ingénieur

Quand je donnais un cours dans le 14e arrondissement

Près de la Porte d’Orléans j’en profitais

Pour visiter le quartier et je passais à chaque fois

Devant un immeuble où avait vécu Lénine

Avant la Révolution d’Octobre

Extrait du recueil publié en 2019

Les îlots de longue errance

 

L’adolescence

 

Flèches des cathédrales reçues en plein cœur

Exaltation métaphysique

Métaux découpés sous une pluie d’escarbilles

Eau du geyser essayant de toucher le ciel

La respiration s’accélère

Passager d’une automobile lancée à pleine vitesse

Nous emportant loin des cisailles et des pensées morbides

La destination du véhicule demeure inconnue

Il soulève la poussière de la piste

Qui constitue ensuite son sillage

Le conducteur a placé une cassette

Dans la fente prévue à cet effet

Et l’on écoute le titre « 1979 » des Smashing Pumpkins

Tremblement à l’horizon notre avenir reste flou

Qu’y aura-t-il après cette adolescence sauvage

Comment poursuivre le rêve

Pour l’instant laissons-nous porter

Par la musique et le bruit du moteur

Extrait du recueil publié en 2020

Pupille noire du soleil

Crissements grésillements brouillages divers

Le poète frileux dans le creux du doute et de la perplexité

Malaise indéfinissable qui fait partie

Des mille visages de la maladie

Quelque part en moi je saisis le mot liberté

Et je me mets à méditer

Constatant que ce terme représente un idéal inaccessible

Qui se situe aux antipodes

De mon expérience de l’existence

Ici je ne commande ni ne dirige rien

Je suis soumis et guidé comme une marionnette

Copyright © 2020 Philippe Sabourdy - All rights reserved

Pupille noire du soleil.jpg
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